Comprendre l’impact des hormones sur l’humeur
Les hormones nous accompagnent depuis la nuit des temps et nous ont permis bien souvent de survivre dans des contextes d’exposition à des menaces vitales.
En simplifiant, notre programmation hormonale est gravée dans nos chromosomes. Elle est donc ineffaçable. Mieux vaut donc les accepter, les comprendre et les adoucir tout en les corrigeant si possible.
Une hormone est comparable à un musicien d’orchestre symphonique qui sait parfaitement jouer de son instrument. Mais que pourrait-il faire sans son instrument ?
Un corps malnutri ou maltraité est un musicien sans instrument. Apporter isolément une hormone sans corriger la malnutrition est voué à l’échec.
Dans le cadre d’un bilan hormonal, il convient donc d’y associer un bilan nutritionnel et vérifier l’assimilation intestinale des nutriments.
Les hormones phares et l’impact de leur manque
La mélatonine
Un rôle central est joué par la mélatonine, surnommée “chef d’orchestre hormonal du corps”. Elle ne se contente pas d’optimiser le sommeil en stimulant la production nocturne des hormones apaisantes, mais elle détermine la production de l’ensemble des hormones durant toute la journée, afin que leurs effets ne s’annulent pas : s’il y a production d’hormone anabolisante (testostérone) associée à une hormone destructrice (cortisol), leurs effets s’annulent alors que les quantités produites sont parfaitement normales.
Grâce à la mélatonine, l’Inconscient sait quelle heure il est et s’organise en conséquence. On en remarque très bien les conséquences en cas de décalage horaire important.
La supplémentation en mélatonine recours de préférence à une mélatonine d’assimilation rapide (pastille fondant sous la langue prise à l’endormissement) jusqu’à ce que le souvenir matinal des rêves soit quotidien et irréalisable, ce qui témoigne de la reprise d’une production naturelle de mélatonine par l’organisme lui-même. La prise de tryptophane le soir peut s’avérer utile en complément en particulier en cas d’anomalie d’assimilation digestive de la nourriture.
En effet, sans mélatonine, pas de sommeil réparateur et quand on a mal dormi, on est grincheux au réveil….
L’hormone de la thyroïde
La thyroïde a aussi son influence sur l’humeur.
Sous l’influence de l’hormone hypophysaire (TSH), la glande thyroïde produit la thyroxine (T4), qui, en retour, régularise la production de la TSH.
La T4 se transformera dans le foie et les muscles pour devenir la triiodothyronine (T3). La T3 jouent un rôle essentiel dans la régulation du métabolisme, c’est-à-dire la manière dont l’organisme utilise l’énergie. Ces hormones influencent la croissance , le développement du système nerveux, la température corporelle ainsi que le fonctionnement du cœur, des muscles et de nombreux organes.
Un déséquilibre peut entraîner divers troubles comme la fatigue, des variations de poids, des troubles du rythme cardiaque ou des difficultés de concentration.
Classiquement, l’hypothyroïdien se lève difficilement le matin, supporte mal le froid comme le chaud et s’endort tôt le soir. L’ esprit est ralenti, en particulier quand il n’a pas d’objectif précis à gérer. Quoique, agacé par cette baisse des performances, l’hypothyroïdien peut compenser par une activité survoltée (“sur les nerfs”) jusqu’à ce qu’il ait achevé sa “mission”. Ensuite, on le retrouve endormi là où les impératifs ont été achevés.
A l’opposé, l’hyperthyroïdien présente un contraste: trop actif, trop nerveux, voit fondre sa masse musculaire par accentuation du catabolisme et devient intolérant face aux personnes qui n’ont pas le même rythme effréné de vie.
Un bilan endocrinien spécialisé est nécessaire avant correction car il peut s’agir de nodule imposant une cure chirurgicale.
Cas particulier : une personne parfaitement normale peut se métamorphoser en hypothyroïdien quand elle est confrontée à un stress important et durable. En effet, l’hormone produite par la thyroïde (T4), produite inactive, sera activée (en T3) au niveau hépatique et musculaire pour réaliser son rôle. Hors, le stress bloque cette activation. Une adaptation thérapeutique transitoire sera nécessaire jusqu’à ce que le stress soit résolu ou rendu tolérable.
L’hormone de croissance
A tout âge, la production d’hormone de croissance contribue à la sérénité tout en apportant la perspicacité de la pensée mais aussi permet à la musculature de se développer et aux graisses de fondre plus aisément. A la production naturelle hypophysaire, qui malheureusement cesse vers 35 ans, s’ajoute l’IgF1 d’origine musculaire: chaque muscle en action produira sa dose d’IgF1. L’absence de contraction se solde par un arrêt de production d’IgF1 et, de ce fait, par une atrophie des tissus avoisinants, y compris la peau.
La pratique régulière de n’importe quel sport (le plus dangereux étant de ne rien faire) augmente donc les bénéfices de ces hormones de croissance et tempère les signes de carences des autres hormones chez tout le monde. Sur le plan de l’humeur, l’hormone de croissance apporte sérénité et précision des réactions.
A ce titre, la GH est surnommée hormone du chef d’entreprise.
Sa carence s’accompagne d’un esprit brouillon, instable et versatile, compensant l’absence de capacité de réflexion par des réactions inadaptées et des poussées colériques ou capricieuses…..
Comme il est difficile légalement de se procurer de la GH, il reste par dépit uniquement la solution de pratiquer une activité physique la plus complète possible.
Les grands moments de chamboulement hormonal : quelle prise en charge ?
La crise d’adolescence
Durant cette période, le corps et l’esprit cherchent leur équilibre. L’opposition aux conseils parentaux fera que l’ado se couchera trop tard, perturbant ainsi la production de la mélatonine donc de l’équilibre hormonal global. Par ailleurs, sachant que les hormones stéroïdiennes sont, pour une bonne part, produites grâce aux apports de matières grasses saines, l’ado ne mangeant que ce qu’il a décidé, ne pourra pas produire correctement ses hormones.
Chez le garçon en particulier, la caféine, alcool et tabac, aromatisent la testostérone en estrone. La montée brutale de l’estrone déclenchée par l’une de ces trois substances déclenche l’agressivité , tant envers les autres qu’envers soi-même.
Comme mes deux garçons n’écoutaient naturellement pas leur médecin de père, préférant écouter les publicités pour une boisson gazeuse américaine, j’ai fini par recourir à un message douteux mais efficace : la taille du sexe d’un homme est lié à sa production de testostérone dès le début de l’adolescence (ce nest pas tout à fait vrai mais ça motive). S’ils voulaient pouvoir espérer être dotés d’un organe sexuel impressionnant, il fallait assumer leur choix en boissons gazeuses. Cette fois-là ils m’ont écouté….
Chez les filles, le principe est le même, aggravé par les fluctuations cycliques. L’asthénie au début de cycle , les migraines, la congestion pelvienne, les menstruations, tous ces évènements sont perturbants. Parfois, la prise de J15 à J25 d’huile de bourrache et d’onagre, limite les phénomènes et régularise les dates du cycle . La prise d’oestro-progestatif est en désespoir de cause une solution mais il convient de plutôt commencer par la mélatonine, une alimentation diversifiée et surtout une activité physique régulière elle-aussi variée.
La grossesse
Hormis l’adaptation nutritionnelle, la relaxation / méditation, la poursuite d’une activité physique douce durant toute la grossesse, les moyens d’intervention sont modestes car les contre indications thérapeutiques sont importantes.
A la rigueur, sachant que les neurotransmetteurs (dopamine et sérotonine) dont le rôle est déterminant sur notre plaisir à vivre et sur l’estime de soi, ne sont correctement créés et assimilés que si l’intestin est suffisamment alcalinisé, il convient de veiller à ce que la prise de boissons naturelles soit adaptée à la phase digestive : acide au repas, PH supérieur à 7 en phase intestinale.
Cette limitation des moyens thérapeutiques demande évidemment compassion et patience dans l’entourage.
La crise de la cinquantaine
Dans les deux sexes, sachant que le niveau maximal de production de la plupart des hormones est franchi à 35 ans, il est possible que ces insuffisances de production aboutissent à des litiges au sein des couples, chacun remarquant la paille dans l’œil du conjoint…
La carence en oestrogènes , outre les classiques bouffées de chaleur, se solde par une fatigabilité, des moments inexplicables de vague à l’âme, une baisse des envies en tout genre, un abandon de la coquetterie et un repli sur soi-même. De surcroît, une prise de volume graisseux réflexe à la carence oestrogénique altère la silhouette, sans récompense face aux efforts sportifs et/ou privations. Il y a effectivement matière à s’agacer.
Chez l’homme, la testostérone totale baisse peu mais devient de plus en plus inefficace. L’humeur change. Les fluctuations entre psychorigidité et hyperémotivité, la baisse des performances musculaires et sexuelles, la prise de volume graisseux abdominal et la calvitie, efface l’idée que chacun se fait de la virilité. Là aussi, il y a de quoi s’agacer.
Dans un cas comme dans l’autre, le conjoint n’est pas responsable.
Encore une fois, dans les deux cas, la pratique sportive et l’amélioration du sommeil par la mélatonine éventuellement combinée au 5-Hydroxy-tryptophane, sont les bases de stabilisation de l’ambiance. Quand il n’y a pas de contre indication (bilans spécialisés chez le gynécologue ou l’urologue, échographies, radiographies), la mise en place progressive et précise d’une supplémentation hormonale estompe les signes de carence. Et restaure l’humeur.
Ceci à tout âge.
Il n’est donc jamais trop tard pour intervenir, même s’il est logique de prendre en charge le plus tôt possible pour limiter les séquelles des carences passées.
En conclusion
L’organisme est un gigantesque jeu du Mikado, y compris sur le plan psychique, dans lequel chaque mouvement, même infime, aboutit à une cascade de réactions qu’il convient d’anticiper, d’observer et de corriger avec douceur et précision.
Les hormones n’échappent pas à ces mécanismes et, pourtant, sont un support important de notre humeur et de notre vitalité, d’où l’importance d’assurer leur équilibre.
Une phrase énoncée par une vénérable dame de 104 ans, quand elle a su que je perfectionnais mes connaissances en hormonologie et nutrition : “ Ainsi, tu pourras contribuer à donner de la vie aux années, Plutôt que donner des années à la vie ”.